Rose est une femme de 84 ans qui souffre d’hypertension et d’arthrite rhumatoïde. Elle vit seule chez elle. Sa fille, qui réside à une cinquantaine de kilomètres, lui rend visite chaque semaine. Rose reçoit également chaque jour la visite d’une aide-soignante pour l’assister dans ses tâches quotidiennes.
Un dimanche, l’aide-soignante s’inquiète de l’état de santé de Rose qui se dégrade, se sent nauséeuse et semble désorientée. Elle appelle une ambulance et Rose est admise à l’hôpital.
Le médecin urgentiste diagnostique une infection urinaire et prescrit 200 mg de triméthoprime deux fois par jour pendant trois jours. Rose est transférée dans un service de soins gériatriques et gardée en observation. Son aidesoignante confirme que Rose prend quotidiennement des médicaments mais elle ne les a pas sur elle. L’équipe hospitalière ne dispose alors pas de plus d’informations cliniques.
Une fois dans le service de gériatrie, l’état de santé de Rose continue à se dégrader et nécessite une intervention clinique supplémentaire. Son médecin généraliste confirme qu’elle suit le traitement suivant :
- Bendrofluméthiazide, 2,5 mg par jour
- Lisinopril, 10 mg par jour
- Simvastatine, 40 mg le soir
- Méthotrexate, 20 mg chaque mercredi
- Acide folique, 5 mg par jour excepté les mercredis
- Paracétamol, 1 g quatre fois par jour en cas de besoin
Le Méthotrexate interagit avec le triméthoprime. Le traitement antibiotique de Rose est adapté en conséquence et les prescriptions quotidiennes sont maintenues pour un suivi symptomatique. À l’hôpital, Rose se rétablit complètement mais son séjour doit être prolongé en raison de complications lors de son admission dues à un manque de visibilité du traitement qu’elle suit à domicile.
De tels scénarios sont fréquents. Ils entraînent souvent un retard de traitement, des complications cliniques et des séjours prolongés à l’hôpital.
À présent, reprenons ce scénario mais imaginons que l’équipe hospitalière ait à tout moment accès aux informations concernant le traitement suivi à domicile dans le DPI TrakCare. L’erreur de prescription aurait alors été évitée, permettant de raccourcir la durée d’hospitalisation et de réduire le sentiment d’inconfort du patient.
En Angleterre, le National Health Service (NHS) a défini un ensemble d’APIs FHIR ouvertes à destination de tous les systèmes d’information des médecins généralistes afin de fournir des données structurées et codées relatives aux médicaments et aux allergies sur la base des codes du Dictionary of Medicines and Devices (DM+D) et du SNOMED, grâce à des APIs identiques.
Cette disposition est compliquée par le fait que les médicaments et les allergies qui n’ont pas fait l’objet d’un codage rétrospectif ne figurent pas dans la base de données. Par conséquent, tout utilisateur de ces APIs doit manipuler les données codées et celles non codées avec les précautions qui s’imposent sur le plan clinique.
En Angleterre, InterSystems est membre fondateur, fournisseur et coprésident de INTEROPen qui comprend un ensemble de fournisseurs, de prestataires de soins et de services sociaux du NHS, d’organisations centrales du NHS et d’organismes de normalisation qui définissent et favorisent l’adoption de normes ouvertes d’interopérabilité sur la base de HL7 FHIR. Chaque année, INTEROPen organise quatre à six hackathons, permettant aux développeurs des organisations membres de tester les normes et les APIs qu’ils utilisent pour connecter des systèmes, sur la base de véritables scénarios cliniques.
Lors de l’hackathon qui a eu lieu en juillet dernier, InterSystems a exploité avec succès les éléments identiques des APIs FHIR GP Connect et de NHS Spine afin de pouvoir intégrer TrakCare au sein de deux systèmes d’information de médecine générale. NHS Spine sert de colonne vertébrale en fournissant les données démographiques et de localisation des patients. Par exemple, une fois le numéro NHS d’un patient saisi, NHS Spine dirige l’utilisateur directement vers le système du médecin généraliste qui héberge le dossier du patient.
Grâce à l’écran de saisie de données « Patient Medicines On Admission » et au numéro NHS permettant de se connecter à Spine, InterSystems a démontré la possibilité d’extraire automatiquement le dossier de médecine générale en question, d’accéder aux APIs FHIR, de récupérer les données FHIR et de les utiliser afin de compléter le dossier patient dans TrakCare. Nous avons validé les données codées relatives aux médicaments et les avons enregistrées en tant que données DM+D codées avec les données associées à destination du praticien.
Concernant les données non codées relatives aux médicaments et aux allergies, nous avons montré qu’il était possible de stocker ces informations sous la forme de texte libre au sein du dossier patient afin de permettre au praticien de les saisir en tant que données structurées et codées dans TrakCare. Parallèlement, une règle visuelle mise en place au sein de TrakCare a permis d’alerter les prescripteurs de la présence de données non structurées relatives à la saisie d’une allergie lors de l’enregistrement de la prescription, les avertissant ainsi de la disponibilité d’un outil d’aide à la prescription en lien avec ces données non structurées.
Nous sommes actuellement en cours de normalisation de ce produit au sein de TrakCare et espérons qu’il sera disponible pour les utilisateurs de TrakCare 2020 au début de l’année 2021. L’Angleterre est le premier pays au monde à avoir mis en place cette fonctionnalité et TrakCare, selon nous, est le premier DPI à la proposer.
Cette fonctionnalité offrira à nos utilisateurs les bénéfices suivants :
- Vérification rapide et précise des traitements (et des allergies) suivis lors de l’admission (medications on admission - MOA)
- Clarté des traitements de soins primaires et des dossiers d’allergie
- Suppression des étapes de transcription
- Exploitation de la MOA dans le cadre de la prescription et de l’administration de médicaments par voie électronique (electronic prescribing and medication administration - ePMA) ainsi que la conciliation médicamenteuse pour les patients hospitalisés
Nous avons débuté la planification du déploiement de ces nouvelles fonctionnalités chez nos utilisateurs TrakCare et sommes impatients de pouvoir fournir le détail des bénéfices obtenus grâce à l’interopérabilité.
Cet article a été publié dans la newsletter du 6 novembre 2020 - OnTrak Flash Info n° 6